Santé, climat, même combat

lundi 6 septembre 2021

Ces jours derniers, plus de 200 revues de santé du monde entier, dont les revues médicales les plus réputées (le Lancet, le British Medical Journal, le New England Journal of Medicine, etc.) ont signé un éditorial commun pour une action urgente contre le dérèglement climatique et la santé des populations. C’est une démarche sans précédent, et la presse (à l’instar du Monde) en a édulcoré les aspects les plus incisifs. Cet appel entre en résonance avec la publication du Giec du mois dernier et les nombreux rendez-vous de cette fin d’année sur la biodiversité (Chine) et le climat (Glasgow, début novembre). Voici de larges extraits de l’éditorial, entrecoupés de quelques précisions et mises en contexte. Les passages essentiels ont été soulignés en gras.

« Nous, les rédacteurs en chef de revues de santé du monde entier, appelons à une action urgente pour maintenir l’augmentation moyenne de la température mondiale en dessous de 1,5 °C, arrêter la destruction de la nature et protéger la santé. [...] La science est ans équivoque : une augmentation moyenne des températures de 1,5 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle et la perte continue de la biodiversité peuvent conduire à des dommages catastrophiques pour la santé qui seront impossibles à faire régresser. [...] Nous ne pouvons pas attendre que la pandémie soit terminée pour réduire rapidement les émissions [de gaz à effet de serre]. [...] La santé est déjà altérée par l’augmentation de la température mondiale et la destruction de la nature [...] : augmentation des cas de déshydratation et des problèmes rénaux, des tumeurs dermatologiques malignes, des infections tropicales, des problèmes mentaux, de complications de grossesses, des allergies, de la mortalité et de la morbidité cardio-vasculaire et pulmonaire. [...] Le dérèglement climatique contribue également à la baisse de rendement des principales cultures, en baisse dans le monde de 1,8 à 5,6 % depuis 1981 ». [Le déclin des productions agricoles se manifeste déjà en Europe et contribue ailleurs aux famines et à la malnutrition, comme actuellement à Madagascar]. « Les élévations au-dessus de 1,5 °C augmentent le risque d’atteindre des points de basculement dans les systèmes naturels susceptibles de verrouiller le monde dans un état extrêmement instable. Cela nuirait de manière critique à notre capacité à atténuer les dommages et à prévenir des emballements environnementaux catastrophiques. [C’est pourquoi] l’inquiétude grandit quant au fait que des augmentations de température dépassant 1,5 °C commencent à être considérées comme inévitables, voire acceptables, pour les membres puissants de la communauté mondiale. [...] Cette insuffisante des actions conduit à des augmentations de température bien supérieures à 2°C, une perspective catastrophique pour la santé et la stabilité environnementale. »

« Les professionnels de santé s’unissent aux scientifiques de l’environnement, aux entreprises et à bien d’autres pour rejeter le fait que cette perspective soit inévitable. [...] Nous nous joignons à ceux-là qui ont déjà soutenu des appels à une action rapide. [...] Les pays les plus riches devront réduire leurs émissions plus rapidement, en réalisant des réductions d’ici 2030 au-delà de celles actuellement proposées [-50% en 2030 et -82% en 2050 par rapport à 2010 à l’échelle mondiale] et en atteignant des émissions nettes nulles avant 2050. Des objectifs similaires et des mesures d’urgence sont nécessaires pour la perte de biodiversité et la destruction du monde naturel. Pour atteindre ces objectifs, les gouvernements doivent apporter des changements fondamentaux dans l’organisation de nos sociétés, nos économies et notre mode de vie. La stratégie actuelle consistant à encourager les marchés à troquer les technologies sales contre des technologies plus propres n’est pas suffisante. Les gouvernements doivent intervenir pour soutenir la refonte des systèmes de transport, des villes, de la production et de la distribution de nourriture, des marchés pour les investissements financiers, des systèmes de santé et bien plus encore. [...] D’énormes investissements sont nécessaires, au-delà de ce qui est envisagé partout dans le monde. Mais ces investissements produiront d’énormes résultats positifs pour la santé et l’économie, notamment des emplois de haute qualité, une réduction de la pollution de l’air, une activité physique accrue, un logement et une alimentation améliorés. Une meilleure qualité de l’air permettrait à elle seule des bénéfices sanitaires qui compensent facilement les coûts mondiaux des réductions d’émissions. »

« Nous, professionnels de santé, devons faire tout notre possible pour faciliter la transition vers un monde durable, plus juste, résilient et plus sain. Non seulement réduire les dommages causés par la crise environnementale, mais contribuer de manière proactive à la prévention mondiale de nouveaux dommages et à l’action sur les causes profondes de la situation actuelle. Nous devons demander des comptes aux dirigeants mondiaux et éduquer la population sur les risques sanitaires encourus. Nous devons contribuer aux travaux visant à mettre en place des systèmes de santé respectueux de l’environnement avant 2040, en reconnaissant que cela impliquera de changer la pratique clinique. La plus grande menace pour la santé publique mondiale, c’est l’échec persistant des dirigeants mondiaux à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C et à préserver la nature. [...] En tant qu’éditeurs de revues de santé, nous appelons les gouvernements et les autres dirigeants à agir, marquant 2021 comme l’année où le monde change enfin de cap. »

Cet appel ne concerne pas que les professionnels de santé, même s’il s’adresse à eux en priorité. Il est nécessaire de comprendre que les questions de santé ne peuvent plus être confisquées par une communauté professionnelle ou une autre, car nous sommes maintenant engagés dans un processus pathogène qui va irrémédiablement s’aggraver dans les deux décennies à venir. Si la communauté que nous formons ne veut pas compter pour l’éternité parmi les fauteurs de « la plus grande menace pour la santé publique mondiale », nous ne devons plus retarder les décisions visant à cesser de nourrir le dérèglement climatique et la dévitalisation de l’environnement par des pratiques inconséquentes. Chacun de nous peut se mobiliser, auprès de ses proches, de son médecin traitant, dans sa communauté professionnelle, pour exhorter à la mobilisation de tou(te)s pour préserver un monde viable. Le Pacte pour la transition dans les Hauts-de-France prendra sa part dans la mobilisation pour la santé collective, celle en particulier des plus jeunes d’entre nous.

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